Margot Coljon se souvient

Margot a tenu pendant 50 ans le Café des Sports à Ell, un lieu de rencontre très apprécié, notamment des associations du village. Ensemble, nous revenons sur les grands moments de sa vie.

Quand et où êtes-vous née ?

Je suis née le 2 septembre 1935 à Ell. Mais sur le papier, ma date de naissance est le 1er septembre, car une erreur avait été commise à l’époque et elle n’a jamais été corrigée.

Parlez-nous un peu de votre enfance.

J’étais enfant unique. Ma mère venait de Grendel, mon père d’Ell. Il avait son atelier de menuiserie dans notre maison, rue de Nagem à Ell. J’ai fréquenté l’école d’Ell jusqu’à la 7e année ; il n’y avait qu’un seul instituteur pour les huit classes. Ensuite, je suis partie à Attert (en Belgique) dans un pensionnat pour apprendre le français.

Y a-t-il un souvenir particulier de votre enfance qui vous a marquée?

En hiver, nous descendions la rue de Nagem en luge. Une fois, nous étions quatre dessus, et soudain, les deux à l’avant ont sauté. C’est alors que j’ai aperçu le camion de lait de "Téid" garé en travers de la route ! Ma copine et moi nous sommes vite penchées et nous avons filé sous le camion avec la luge. Quelle chance ! Une femme qui a vu la scène a eu tellement peur qu’elle est restée malade pendant huit jours !

Quels sont vos plus beaux souvenirs de jeunesse ?

À 17 ans, je suis partie à Bruxelles comme domestique, où j’ai travaillé dans plusieurs familles. J’ai beaucoup aimé cette période : il y avait beaucoup de Luxembourgeois à Bruxelles, et nous allions danser tous les jeudis et dimanches. Le travail était bien payé, mieux qu’au Luxembourg : je gagnais 3000 francs par mois.

Comment avez-vous rencontré votre mari ?

Nous nous sommes rencontrés lors d’un bal à Bruxelles et nous nous sommes mariés là-bas en 1957, sans trop de cérémonies. Quand mon mari, Henri (Garlemant), a trouvé un emploi à l’ARBED en 1958, nous sommes revenus à Ell chez mes parents. Peu après, j’ai eu mes deux fils.

Comment en êtes-vous venue à reprendre le Café des Sports il y a 50 ans ?

Mon père et mon mari ne s’entendaient pas très bien, alors quand le Café des Sports avec le logement au-dessus s’est libéré, nous avons accepté de le reprendre. Le bâtiment appartenait alors à la brasserie Mousel. Mon mari continuait à travailler à Differdange, et moi, j’ai repris le café en 1975.

Qu’est-ce que vous aimiez dans votre métier de tenancière ?

J’avais déjà aidé mes grands-parents dans leur café à Grendel, ce qui m’a permis de ne pas devoir passer d’examen de débit de boissons. Je suis quelqu’un qui aime être entourée de monde. Mes fils ont souvent insisté pour que j’arrête le café à 90 ans, mais j’aimais trop ça !

Quel a été le plus beau moment de votre vie ?

Quand le club de football SC Ell a gagné contre Rosport en Coupe de Luxembourg 2012 ! Ce soir-là, il y avait plus de 200 personnes dans le café, on ne distinguait plus le fond de la salle de l’avant, c’était incroyable !

Et le moment le plus triste ?

Il y a environ 25 ans, on m’a volé une grosse somme d’argent. À l’époque, les représentants préféraient encore être payés en espèces, c’est pourquoi j’avais autant d’argent à la maison. Ni notre chien, ni aucun des 20 clients présents n’ont entendu les cambrioleurs…

Quel est, selon vous, le secret d’une longue vie ?

Être toujours satisfaite de ce qu’on a et ne pas trop se tracasser ! Et quand on se dispute, le mieux est de l’oublier vite.

Que signifie la satisfaction pour vous ?

Je suis heureuse quand j’ai du monde autour de moi. Ici, à la maison de retraite, je participe à tous les jeux proposés.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes d’aujourd’hui ?

Choisissez un métier qui vous plaît et travaillez avec plaisir !

Voyez-vous encore vos anciens clients ?

Oui, ils viennent encore régulièrement me rendre visite au Café Kropemann ici à la maison de retraite. J’y apprends toutes les dernières nouvelles d’Ell, et nous jouons ensemble au Rummikub ou à la belote.

Nous remercions chaleureusement Madame Margot Coljon d’avoir partagé ses souvenirs avec nous et lui souhaitons une belle continuation au HPPA de Redange.